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L'Entretien avec Nora Juhasz - Les relations humaines dans l'art

Pour cette nouvelle édition de l’Entretien, Art Work Circle est allé à la rencontre de l’artiste peintre Nora Juhasz entre les murs de la galerie Fellner Contemporary où
elle expose les œuvres de la série « Say that you love me » jusqu’au 21 octobre 2023. L’occasion de parler d’interactions sociales et de solitude.

Présentez-vous en quelques mots :

Je suis artiste plein temps depuis 2014, ici au Luxembourg. Depuis deux ans je travaille dans les studios de l’Association des Artistes Plasticiens du Luxembourg et je suis également membre titulaire du Cercle Artistique de Luxembourg. Je suis hongroise et pharmacienne d’origine mais j’ai appris la peinture classique avec un peintre portraitiste, Gérald Dareau sur la Côte d’Azur pendant plusieurs années. Je faisais de la peinture classique, à l’huile et beaucoup de portrait. Je reçois toujours des commandes de portraits d’ailleurs.

Quand et comment êtes-vous entré en contact avec l’art ?

Mon arrière-grand-père était peintre, mon grand-père était architecte mais il peignait aussi et sa femme également. J’ai rencontré le monde de l’art dès l’enfance.

Parlez-nous de votre démarche artistique :

J’examine les connexions humaines, les situations existentielles et l’isolement. Dans mon travail j’explore les moments ou les protagonistes parviennent à trouver une situation de connexion temporaire. J’aime aussi beaucoup travailler les mimiques des visages et les postures des corps. J’examine les relations ou les non-relations entre les humains. J’aime interroger la sensation d’isolement et la mettre en lumière dans des compositions de groupe.

Pour l’aspect technique, je peins toujours à l’huile sur lin avec plusieurs couches très fines, en suivant mon dessin préparatoire. Les toiles de lin sont beaucoup plus lisses que les toiles de coton. Comme j’accorde beaucoup d’importance aux visages et aux expressions il est important que le grain de la toile n’altère pas la peinture.

Ou trouvez-vous votre inspiration ?

Vraiment dans les relations ou le manque de relations entre les êtres humains. Dans le fait d’interroger la volonté de chacun à être vu, aimé, voir admiré. Pour cette série c’est aussi l’utilisation des médias sociaux qui m’a inspiré, comment et pourquoi sommes-nous à la recherche d’une forme de validation, d’admiration chez et par les autres.

Quels messages/émotions souhaitez-vous transmettre à travers vos œuvres ?

Le sujet c’est le narcissisme quotidien, la représentation de soi dans les médias sociaux. On veut tous être aimés, appréciés. Ce n’est pas négatif, on le fait tous, moi-même je fais la même chose, ce n’est pas une critique de la société, c’est seulement une observation.

Cette inspiration des médias sociaux vient du fait que c’est incessant on utilise les médias sociaux pour tout et tout le temps. Je pense que la volonté de se montrer vient du manque de confiance en soi. Tout le monde veut être plus beau, plus intéressant pour être plus aimé, mais qui entraine au final une fausse relation entretenue par les likes. Mais je ne cherche pas à dénoncer un comportement social, tout le monde le fait.

J’avais fait une série d’œuvres inspirées par le Japon. Culturellement les Japonais sont difficiles à approcher, j’aime aussi explorer le manque de relations, comment on peut s’approcher des autres et engager une connexion. Mon but est de saisir les relations humaines.

Si vous deviez choisir une œuvre dont vous êtes la plus fière, pourquoi ?

Je suis particulièrement fière de cette série « Say that you love me ». Mon œuvre préférée est celle du calendrier de l’avent car elle représente bien le titre de la série et de l’exposition.

Elle porte aussi l’univers de Noël avec les couleurs rouges et vertes ainsi que la boule de Noël que le personnage tient dans ses mains. Noël étant une période de retrouvailles, c’est un moment intéressant pour observer les connexions entre les gens et le désire de plaire, d’être validé par les autres. C’est aussi une œuvre qui représente la fierté anticipée mais qui questionne notre capacité à satisfaire des attentes.

Quels sont vos futurs projets ?

J’ai envie d’approfondir cette série, qui est actuellement visible jusqu’au 21 octobre 2023 à la galerie Fellner Contemporary.

Quelle est la première chose que vous avez fait ce matin ? J’ai nourris mon chien.

Quel est le sujet de votre travail en un mot ? L’humain, toujours l’humain.

Vous ne quitteriez jamais votre domicile sans… Il n’y en a pas vraiment, peut être mes lunettes. Je ne suis pas attachée aux objets.

Votre happy place : Ma famille.

Votre plaisir coupable : La marmelade d’orange.

Votre mot préféré : La connexion, c’est le sujet principal de mes séries.

Quel est votre projet rêvé : Il n’y a pas de projet révé. C’est toujours le travail actuel et je m’y suis plongée complètement.

Propos recueillis par Art Work Circle avec la participation de Hans Fellner, curateur et galeriste pour la Galerie Fellner Contemporary.
Crédits photos : Nora Juhasz et Art work Circle