Pour cette deuxième publication de la rubrique « L’Entretien », Art Work Circle est allé à la rencontre de l’artiste luxembourgeois Pit Wagner. L’occasion de découvrir son univers artistique et ses différentes sources d’inspirations.
Les œuvres de Pit Wagner sont disponibles à l’achat et la location sur Art Work Circle depuis 2015.
Présentez-vous en quelques mots.
Je suis illustrateur et je me définis comme artiste visuel.
J’ai 67 ans et je suis indépendant depuis 1980, avec une brève interruption comme salarié, dans un moment de faiblesse. Une parenthèse dans ma vie : à 30 ans, j’ai appris le métier de maréchal-ferrant et j’ai ferré des chevaux pendant cinq ans, toujours en tant qu‘indépendant. Pendant cette période-là, je n’ai pas cessé d’être artiste. Je suis aussi père de deux filles, devenues adultes entretemps.
Quand et comment êtes-vous entré en contact avec l’art ?
Tout a commencé par les timbres sur des paquets de pâtes. Ces timbres pouvaient être échangés contre des reproductions d‘artistes, de la Renaissance jusqu’au Modernisme. Enfant, j’ai beaucoup regardé ces images. C’était mon initiation à l’histoire de l’art. Certains artistes me fascinaient, d’autres me laissaient indifférents, et j’en détestais aussi certains. Malgré le fait que j’ai toujours été attiré par l’art, la musique classique et le jazz, j’ai passé un bac classique en sciences car il n’y avait pas encore de section artistique à l’époque.
Finalement, mon frère Marc m’a introduit dans un milieu où j’ai fait la connaissance d’artistes comme Anne et Pit Weyer, Wil Lofy, qui m’ont encouragé à entamer une carrière artistique. Après quelques années de flottements et de recherche autodidacte, j’ai été admis à la Rietveld Academie à Amsterdam, où j’ai passé trois ans. C’était un bon début.
Parlez-nous de votre démarche artistique.
A la base, je suis dessinateur. Dessiner, c’est raconter en images. J’aime raconter ce que je vois, ce que je vis, et je laisse s’y intégrer mes pensées et mes émotions. Ma démarche est liée à la réalité qui m’entoure. J’expérimente et je joue beaucoup. Il est important d’arriver au « flow », de pouvoir me laisser flotter. C’est une sorte de laisser-aller contrôlé.
A côté de la peinture, je pratique la gravure (sur bois, sur cuivre…) et la sculpture à l’occasion. J’ai horreur de l’auto-plagiat, c’est peut-être la raison pour laquelle mon œuvre est très variée. Les limites entre les différentes disciplines artistiques tendent à s’effacer.
Où trouvez-vous votre inspiration ?
Partout. Comme évoqué à l’instant, je dessine à propos de tout ce qui m’entoure. Je dessine pendant des répétitions d’orchestres, dans les tribunaux, dans la rue et dans la nature. Je suis rarement intéressé par les choses fixes, j’aime le mouvement, les êtres vivants. La figure humaine dans tous ses états joue un grand rôle dans mon œuvre.
Les voyages sont aussi une grande source d’inspiration, comme ceux que j’ai réalisés en Asie du Sud-Est. Les techniques de dessin orientales m’ont beaucoup influencées (encres de chine, plumes de bambou et de roseau). Sortir de sa zone de confort stimule la créativité. Plus je sors de ma zone de confort, plus cette zone s’agrandit.
Quel(le) message/émotion souhaitez-vous transmettre à travers vos oeuvres ?
Je ne dessine pas pour transmettre un message, s’il y a un message, il s’introduit de manière inconsciente. Les émotions sont variables et se retrouvent automatiquement dans mon œuvre. Je travaille différemment en hiver qu’en été, et aussi en fonction des évènements tragiques ou heureux qui m’entourent. Par exemple, la pandémie a beaucoup influencé mon travail inconsciemment. Je ne comprends pas qu’un artiste puisse faire la même chose dans des situations émotionnelles complètement différentes. Je ne vois pas l’art comme un espace isolé, tout est relié et interdépendant. J’aime transmettre la vie, la joie de vivre à travers mes œuvres. Et quand je travaille, je me laisse naturellement guider par mes émotions et mes réflexions du moment, je suis quelqu’un de très spontané, du moins c’est ce que je crois.
Avez-vous un souvenir de création que vous aimeriez partager ?
À 19 ans, j’ai vu dans un musée une œuvre de Daniel Spoerri, une machine à écrire dans laquelle il avait inséré de la pâte à pain, et il a enfourné et cuit le tout. C’est à ce moment-là que je me suis dit pour la première fois : « Ce geste, c’est de l’art ». Je suis retourné régulièrement dans ce musée pour méditer devant cette œuvre. D’ailleurs, il y a 3 ans, j‘ai réalisé une œuvre en hommage à « Brotteigobjekt Schreibmaschine » de Daniel Spoerri. J’ai démonté mon premier iMac pour le cuire avec de la pâte à pain dans un four construit spécialement pour cette action. C’était une expérience unique. Pour moi, c’était la version contemporaine de son œuvre.
Si vous deviez choisir UNE oeuvre dont vous êtes le/la plus fier(e) ? Pourquoi ?
Je pense que je prendrais le livre sur le procès des poseurs de bombe, « de Bommeleeërprozess 1.Deel …eng Staatsaffair». J’ai pris deux ans à le réaliser. J’étais dans une salle d’audience tous les jours. Avec les avocats et les magistrats toujours placés au même endroit, il fallait à chaque fois dessiner avec un autre point de vue, pour ne jamais réaliser deux fois la même image. J’ai réussi à passer un an et demi au tribunal en changeant tout le temps la perspective, la technique, le focus de l’image… Je suis fier de ce livre car c’est une histoire tellement complexe et j’ai réussi à la retranscrire comme je l’ai vécu.
Quels sont vos futurs projets ?
J’ai une exposition en novembre à la Galerie op der Kap, avec Moritz Ney et Menny Olinger. Fin juillet, je vais enseigner le dessin de nu à l’Académie d’été au Luxembourg. J’enseigne aussi le Life Drawing pour les étudiants de film d’animation à l’Université du Luxembourg. Avec empreinte, atelier de gravure, je participerai à la Luxembourg Art Week en novembre. Plusieurs projets d’illustration sont en train de se concrétiser.
Dans un coin de ma tête, j’ai aussi l’idée de créer une bande dessinée. J’espère que je pourrai réaliser cette envie prochainement!
- Quelle est la première chose que vous avez fait aujourd’hui ? J’ai cueilli des framboises dans mon jardin
- Quel est le sujet principal de votre travail en un mot ? La vie
- Vous ne quitteriez jamais votre domicile sans… Les clés de mon domicile (rire), ce n’est pas très romantique
- Votre “happy place” ? En été, c’est mon jardin, en hiver, mon atelier
- Votre mot préféré ? Banane (rire) je ne sais pas pourquoi
- Votre plaisir coupable ? Il n’y a pas de culpabilité pour un plaisir sinon ça n’est pas un plaisir
- Quel est votre projet rêvé ? Un long voyage à pied, à cheval ou à vélo tout en dessinant
Pit Wagner sera mis à l’honneur pour la nouvelle édition de l’évènement « MindCircle » en septembre prochain. Ne ratez pas cette exposition. Obtenez plus d’informations ou demandez votre invitation grâce au bouton ci-dessous :
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Homo Homini
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2 chevaux
800,00 € -
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This and That, a Chat
4.800,00 € -
de Bommeleeërprozess … et geet ganz héich
39,00 € – 160,00 € -
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3 moons
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